
Élément essentiel d’une filière textile centrée sur le coton, la teinture à l’indigo était pratiquée dans des dizaines d’ateliers au Nord Bénin à la veille de l’occupation coloniale. L’activité a perduré durant la première moitié du xxe siècle, puis a amorcé son déclin jusqu’à disparaître complètement au début des années quatre-vingt-dix. Depuis 2011, je m’efforce de documenter les pratiques tinctoriales au Nord Bénin, par entretiens avec d’anciens teinturiers et visites des sites d’ateliers. L’objectif est de reconstituer les processus techniques, leur cadre socio-économique et leur trajectoire historique. Ces recherches s’intègrent depuis 2020 dans un projet plus ambitieux consacré à l’ensemble de la filière textile et destiné à produire des archives visuelles pour l’Endangered Material Knowledge Programme du British Museum. Dans cet article, je présente les principaux enseignements tirés des enquêtes de terrain, en me focalisant d’abord sur les méthodes mises en œuvre pour documenter une technique disparue et en donnant ensuite un aperçu des processus techniques et du contexte dans lequel se pratiquait la teinture à l’indigo.